Finales de pions : roi et un pion contre roi et un pion

Pas de règle systématique mais nullité fréquente.
Bien entendu, nous n’étudierons pas les cas où le gain est évident : pion sur le point d’être promu sans obstacle, roi trop loin …
Nous distinguerons deux cas selon que les pions sont sur la même colonne ou non


 

Pions bloqués sur la même colonne

Encore deux cas, selon que les deux rois se trouvent ou non du même côté.

1) Les rois sont du même côté : la règle des limites.

Nous devons cette règle à l’abbé Durand (1860)

Diagramme 1

On appelle cases limites d’un pion, les trois cases situées dans le prolongement du pion, sur le même rangée.
Dans le diagramme ci-dessus, les cases limites du pion noir sont cochées en rouge, les cases limites du pion blanc sont cochées en vert.

« Celui des deux rois qui touchera le premier une des cases limites de son adversaire prendra le pion ennemi et conservera le sien »

Ici, si c’est aux blancs de jouer :

  1. Rf6 !  – Rd7
  2. Rf7 – Rd8
  3. Re6 – Rc7
  4. Re7 – Rc8
  5. Rd6 – Rb7
  6. Rd7 – Rb8
  7. Rxc6 : gain du pion

 

Deuxième exemple :

Diagramme 2

Dans cet exemple, la partie est nulle.

Les blancs au trait :
1) Rb4 – Rb6
2) Rc4 – Rc6 : chacun garde son pion car aucun roi ne peut atteindre une case limite adverse.

Les noirs au trait : les blancs gagnent le pion noir
1) … – Rb6
2) Rb4 – Rc6
2) Rc4 – Rd6
3) Rb5 : le roi blanc occupe une case limite noire – Rd7
4) Rc5 – Re6
5) Rd5 – Rf6
6) Rd6 – Rf7
7) Rxe5 : les blancs gagnent le pion mais les noirs annulent après : Re7 !

2) Les rois ne sont pas du même côté

Il faut que le roi attaque le pion adverse par l’arrière.
« Le roi qui attaque le premier le pion ennemi par l’arrière le gagne et conserve le sien ».

Exemple :

Diagramme 3

Dans cette position, les blancs gagnent :
1) Rd6 ! : les blancs sont les premiers à attaquer le pion adverse par l’arrière.
1) … – Rf4 (les noirs protègent leur pion)
2) Rd5 – Rf3
3) Rxe5 et protège le pion e4

Le coup 1) Rd5 ? qui semble naturel est par contre perdant en raison du coup Rf4 ! :

Diagramme 4 : le trébuchet

Le roi blanc est obligé de s’écarter de son pion, ce qui permet aux noirs de le capturer. Cette manœuvre s’appelle le trébuchet. C’est un piège courant de finale, à bien connaitre.

Penser à déplacer le roi en diagonale. Exemple :

 

Diagramme 5

1) Re6 – Rc3
2) Rd5 !

Diagramme 6

En effet, si le roi blanc va directement au pion noir, le roi noir se place en c7 pour faire nulle (voir finales élémentaires)
2) … – Rb4
3) Rc6 – Ra5
4) Rb7 gagne


Pions sur des colonnes différentes

Tout dépends bien entendu de l’état d’avancement des pions.
Étudions simplement deux cas limites (où la solution se joue à un coup près) dans lesquelles le déplacement du roi est essentiel.
La problématique est la suivante pour les deux camps : promouvoir son pion tout en empêchant l’adversaire de promouvoir le sien. La clé réside dans la manœuvre des rois, jouant sur les deux menaces.

Premier exemple

Diagramme 7 : les blancs jouent et gagnent

1) Rc5 !
Encore un exemple où le reflexe de la prise d’opposition n’est pas bon. Dans cette perspective le coup Rc4 semblait meilleur. Rappelons nous que le trajet du roi en diagonale n’est pas plus long que celui en ligne droite. En c5, il n’est pas plus loin de la case g1 qu’en c4. Par contre il se rapproche de la case de promotion de son propre pion et est plus en mesure de bloquer le roi adverse si lui-même veut arrêter le pion blanc.

Deux suites possibles :

Si les noirs avancent leur pion :
1) … – g5
2) b4 – g4
3) Rd4 ! : rentre dans le carré de promotion du pion noir – Rg5
4) b5 – g3
5) Re3 – rg4
6) b6 – Rh3
7) b7 – g2
8) Rf2 – Rh2
9) b8 : dame

Si les noirs tentent d’arrêter le pion blanc :
1) … Rg6
2) b4 – Rf7
3) b5 – Re7
4) Rc6 ! – Rd8
5) Rb7 – g5
6) b6 – g4
7) Ra7 – g3
8) b7 – g2
9) b8 : dame + (nous voyons bien que tout tient à un coup)

Deuxième exemple

Diagramme 8 : Etude de Réti (1922). Les blancs jouent et font nulle.

1) Rg7 – h4
2) Rf6 – Rb6
(2) … – h3 annule après 3) Re7 – h2 4) c7)
3) Re5
Notez bien le déplacement du roi en diagonale.

Diagramme 9

3) … – h3 (sinon Rf4, le roi peut arrêter le pion noir et faire nulle)
4) Rd6 – h2
5) c7 – h1 dame
6) c8 dame : partie nulle (roi et dame de chaque côté est une nulle théorique).