Les chansons de geste

Le jeu d’échecs dans les chansons de geste

 

Le jeu d’échecs moralisé va pouvoir rentrer dans les milieux de cour.

Evrart de Conti (v 1330 ?- 1405)

Médecin du roi Charles V et de Blanche de Navarre, veuve de Philippe VI. Il a écrit deux œuvres sur les échecs : les Eschés amoureux (les échecs amoureux), poème allégorique de plus de 30000 vers réécrivant le Roman de la Rose, et leur commentaire en prose, le livre des eschez amoureux moralisés. Emblématique de l’amour courtois, le texte décrit sous forme allégorique, une partie entre une “damoiselle” et un chevalier.

La vieille chanson de geste des « Quatre Fils Aymon », compilée au XIIème siècle, fut mise en prose au XVème siècle sous le titre « Renault de Montauban ». Elle met en scène la révolte contre Charlemagne des quatre fils d’Aymon de Dordone (Renaut est l’aîné). Cette miniature montre « comment Renaut occit Bertoulet, le neveu de Charlemagne, en jouant aux échecs ».

 

Partie d’échecs dégénérant en assassinat. Renaut de Montauban.

 

Manuscrit copié et peint à Bruges vers 1462 – 1470 (BNF)

Roman de chevalerie médiéval des plus célèbres, le Tristan en prose retrace les épisodes de la Table Ronde. Parmi ses personnages se trouve un chevalier échiqueté, Palamède, rival malheureux de Tristan. Fils du sultan de Babylone, Palamède s’est converti au christianisme avant de rejoindre la cour du roi Arthur. Instructeur de ses compagnons d’armes avec le jeu d’échecs qu’il a rapporté d’Orient, Palamède est un vaillant chevalier qui se couvre de gloire et finit par être reçu dans l’ordre de la Table Ronde. Il a pour armoiries un écu en forme d’échiquier, « échiqueté de sable et d’argent ». En s’appropriant le jeu, la société médiévale crée son propre mythe : pour de nombreux joueurs, Palamède demeurera “l’inventeur des échecs” jusqu’au… XIXe siècle !

 

Palamède, chevalier échiqueté du Roman de Tristan.

Manuscrit peint par Evrard d’Espingues achevé en 1463.

 

Le roman de « Guiron le Courtois » est une compilation de plusieurs romans arthuriens en prose du XIIIème siècle.Les parties d’échecs n’y sont pas rares ; Elles ne dégénèrent pas comme dans la littérature épique ; au contraire, elles s’intègrent parfaitement à l’univers de la courtoisie.

 

 

Guiron le Courtois. Le roi Arthur affronte Bédoïer aux échecs.

Manuscrit copié et peint à Milan vers 1370 – 1380.